Schubert et l'efficacité


Une petite fable sur ce que pourrait être la musique soumise aux critères de productions actuels.

C'est un texte qui traîne sur internet. Je n'en suis pas l'auteure.

Un président de société reçoit une invitation pour un concert. Au programme, la Symphonie Inachevée de Schubert.

Ne pouvant s'y rendre, il passe le carton à son Contrôleur de performance, avec instruction de lui faire ensuite un mémo sur la qualité du concert.
Le lendemain matin, le président trouve un rapport sur son bureau :

1 - les quatre joueurs de hautbois demeurent inactifs pendant des périodes considérables. Il convient donc de réduire leur nombre et de répartir leur travail sur l'ensemble de la symphonie, de manière à réduire les pointes d'inactivité.

2 - les douze violons jouent tous des notes identiques. Cette duplication excessive semblant inutile, il serait bon de réduire de manière drastique l'effectif de cette section de l'orchestre. Si l'on doit produire un son de volume élevé, il serait possible de l'obtenir par le biais d'un amplificateur électronique.

3 - l'orchestre consacre un effort considérable à la production de triples croches. Il semble que cela constitue un raffinement excessif, et il est recommandé d'arrondir toutes les notes à la double croche la plus proche. En procédant de la sorte, il devrait être possible d'utiliser des recrutés locaux et des opérateurs peu qualifiés.

4 - la répétition par les cors du passage déjà exécuté par les cordes ne présente aucune nécessité. Si tous les passages redondants de ce type étaient éliminés, il serait possible de réduire la durée du concert
de deux heures à vingt minutes.

Nous pouvons conclure, Monsieur le Président, que si Schubert avait eu à sa disposition des indicateurs de performance et de contrôle de gestion, il aurait été en mesure d'achever sa symphonie.

Posted: Jeu. - Avril 21, 2005 at 11:46 AM          


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